Re: HLA B27
Posté : 23 mars 2016 13:14
http://www.larecherche.fr/actualite/aus ... 2000-81873
Voici un article très interessant sur des hypothèses concernant le HLA.
Voici un article très interessant sur des hypothèses concernant le HLA.
Des hypothèses non entièrement satisfaisantes .
L'intervention de virus est d'ailleurs à la base de certaines des hypothèses qui ont été formulées pour expliquer les associations entre antigènes HLA et maladies. Actuellement, il existe quatre hypothèses principales.
- La première est celle des récepteurs . Les molécules HLA ou des molécules de surface cellulaires, codées par des gènes très voisins, pourraient jouer le rôle de récepteurs de virus, comme la molécule Duffy sert de récepteur au Plasmodium vivax . Rien ne permet d'éliminer cette hypothèse. Cependant, les quelques études faites jusqu'à présent n'ont pas montré que l'absorption et la réplication de virus soient variables d'un homme à l'autre et liées au complexe HLA.
- La seconde hypothèse est celle du mimétisme . Un individu qui possède une ou plusieurs structures antigéniques portées par un agent infectieux ne pourra pas, selon la loi classique de l'immunologie, développer des anticorps contre cette ou ces structures. Il sera donc incapable de se défendre efficacement, tout au moins par ce mécanisme. Cette hypothèse est à considérer, car on sait qu'il existe des virus à RNA qui naissent à l'intérieur des cellules et s'en évadent en émergeant à la surface de la cellule. A ce moment, ils incorporent parfois des structures membranaires de l'hôte. Si l'hôte suivant a des structures analogues, le virus ainsi « camouflé » pourra plus facilement l'infecter. Cette hypothèse, aussi séduisante qu'elle soit, ne repose chez l'homme pour le moment sur aucun fait précis.
- La troisième hypothèse est celle d'un trouble des gènes de réponse immunologiques Ir. Comme nous l'avons vu, il existe dans le complexe H-2 de la souris, et sans doute aussi par analogie dans le complexe HLA de l'homme, des gènes qui gouvernent spécifiquement la réponse immunologique pour un antigène donné les gènes Ir.
On suppose que certaines maladies associées à HLA, et singulièrement celles qui sont plus fortement associées à HLA-D région où se trouve. raient les gènes Ir de l'homme, sont dues à une anomalie d'un gène Ir nécessaire à la défense de l'organisme contre un agent pathogène. La susceptibilité à la plupart des affections associées à HLA est transmise de parents à enfants selon un mode dominant en particulier pour le psoriasis. Il ne peut donc s'agir d'un simple défaut d'un gène Ir absent ou physiologiquement déficient, car ce défaut devrait être compensé par le gène Ir correspondant, le plus souvent normal, sur l'autre chromosome. On doit donc admettre non pas un défaut mais une anomalie encore indéterminée.
- Enfin, une quatrième hypothèse, celle-ci plus récente, envisage l'inefficacité de la surveillance immunitaire consécutive à une modification des antigènes HLA. C'est l'hypothèse du soi altéré. Comme l'ont montré R. Zinkernagel et P. Doherty7 en Australie, puis toute une série d'autres chercheurs, des virus ou même des agents chimiques semblent « modifier » les molécules H-2 ou former avec elles un antigène composé gardant à la fois la spécificité du virus et de la molécule H-2 et par analogie les molécules HLA, de telle sorte que l'organisme développe une réponse immune dirigée contre ses propres molécules ainsi modifiées. Ce mécanisme serait à la base de la surveillance immunologique qui constamment permet à l'organisme de se prémunir contre ses propres erreurs métaboliques et contre ses agresseurs extérieurs, comme des virus.
Pour que l'hypothèse du « soi altéré » s'applique intégralement aux associations connues actuellement, il faudrait que les molécules altérées ne soient pas les molécules HLA elles-mêmes sauf peut-être dans le cas des maladies associées à B27, mais des molécules de surfaces cellulaires codées par des gènes voisins des gènes HLA. Or, chez la souris, il semble bien que ce soient les molécules H-2 elles-mêmes qui interviennent. Il y a là une contradiction sans doute apparente et provisoire entre les deux espèces.
Aucune des hypothèses avancées ne rend donc compte d'une façon satisfaisante de l'ensemble des faits observés. Mais il est plus que vraisemblable que de nombreux mécanismes interviennent. Lorsqu'on se rappelle que le complexe HLA comprend probablement 2 000 gènes, on conçoit que les désordres puissent être multiples et puissent toucher de nombreux rouages subtils immunologiques ou même non immunologiques.
Une cible pour les virus lents.
En ce qui nous concerne, certains modèles d'animaux nous conduisent à penser que les maladies que nous observons sont des manifestations tardives, voire secondaires d'une infection à virus lent, peut-être latent. Le schéma, purement spéculatif, serait le suivant :
- Une infection virale pouvant survenir chez tous les individus, quel que soit leur groupe HLA, serait chez la plupart des individus sans conséquence. Les modifications des antigènes de surface cellulaire, induites selon la théorie du soi altéré, entraîneraient le réflexe immunologique normal, c'est-à-dire l'élimination des cellules infestées, d'où guérison. Ce premier stade pourrait même passer complètement inaperçu.
- Chez les individus porteurs du gène de susceptibilité, et seulement chez ceux-là, ce réflexe de surveillance immunologique ne jouerait pas normalement. Le virus pourrait ainsi persister, proliférer d'une manière chronique et entraîner des lésions dans l'organe qu'il a choisi pour cible tropisme viral bien connu pour tel ou tel tissu.
Une variante de ce schéma consiste à dire que le virus est bien éliminé, mais qu'il a déclenché, par modification du soi, un processus d'auto-immunisation auto-entretenu.
Ainsi s'ouvre toute une pathologie nouvelle due aux virus lents, qui seraient dans cette perspective les agents d'un grand nombre d'affections d'étiologie encore mystérieuse et en particulier d'une majorité des maladies auto-immunes.
Il ne faut certes pas croire que ce mécanisme est démontré et, même s'il l'était, qu'il est le seul possible. Disons simplement que c'est à l'heure actuelle une possibilité parmi d'autres, mais peut-être plus vraisemblable que d'autres.
Un centre de commande immunologique.
Le complexe majeur d'histocompatibilité des mammifères apparaît désormais comme une partie très importante de leur génome. Ce petit segment chromosomique semble jouer un rôle capital dans la défense de l'intégrité de l'individu8. De simple curiosité, nouveau groupe sanguin porté par les globules blancs, le système HLA s'est vu tout d'abord revêtu d'une importance pratique par son influence sur le destin des greffes, puis a pris une importance fondamentale par son rôle essentiel dans la réponse immune.
Aujourd'hui, le complexe HLA apparaît comme un jeu de gènes étroitement liés qui agissent d'une façon synergique et commandent les différentes étapes de la réponse immune. Il comprend des gènes qui gouvernent le premier stade de reconnaissance du non-soi HLA-D, des gènes qui permettent la coopération entre les diverses catégories de cellules lymphocytes T, B, macrophages au cours de la réponse immune gène Ia-équivalent, des gènes qui commandent la réponse spécifique contre tel ou tel antigène gène Ir, des gènes qui codent pour les composants du complément dont l'action lytique dans la destruction des antigènes étrangers est essentielle gènes C2, C4, Bf, enfin des gènes qui codent pour des molécules ubiquitaires se trouvant à la surface de toutes les cellules de l'organisme, les antigènes HLA gènes HLA, B et C. Ces molécules pourraient être, après modification par un agent externe virus, agent chimique, les cibles pour les armes de défense anticorps, cellules lytiques, permettant ainsi l'élimination à la fois des agents responsables et des cellules altérées.
Ainsi, le complexe HLA, centre immunologique de l'organisme, intervient-il dans de nombreux états physiologiques et pathologiques. Les maladies associées à HLA sont de véritables expériences de la nature qui vont permettre d'analyser les fonctions de ces gènes et de les localiser plus précisément. L'horlogerie immunologique avec ses rouages multiples et subtils commence ainsi à être mieux comprise.