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SANTÉ
Ibuprofène et chikungunya : double inconnue ?
[2 février 2006]
Les médecins réunionnais savent que l’Ibuprofène a fait l’objet d’une polémique aigüe, courant 2004. En effet, dans Le Parisien du 9 septembre de cette année-là, Jean-Marc Tréluyer, pédiatre-réanimateur et pharmacologue à l’hôpital Cochin-Saint-Vincent-de Paul à Paris, soutenu par nombre de ses collègues, avertissait de risques possibles dans l’utilisation généralisée de l’ibuprofène en cas de fièvre chez l’enfant. Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), de prescription courante, aurait présenté en tel cas divers risques graves. En réaction à ces doutes professionnels qui effrayaient les familles, l’Afssaps mettait en place une commission de réflexion portant sur “la stratégie de prise en charge de la fièvre chez l’enfant”. Il en résultait diverses communications dont une se référait spécifiquement aux faits mis en cause précédemment : “A la suite de la notification de trois cas de choc septique chez des enfants traités par AINS pour fièvre et/ou douleur (une évolution fatale, une insuffisance rénale séquellaire et une guérison), une enquête de pharmacovigilance a été déclenchée, pour tous les AINS indiqués chez l’enfant, en vue d’évaluer le risque de complications infectieuses graves. Cette enquête a permis de retrouver, chez des enfants atteints de varicelle et traités par AINS, des cas parfois graves de complications infectieuses des lésions cutanées (...).
PRÉCAUTION
L’Afssaps souhaite donc informer les professionnels de santé (médecins généralistes, pédiatres, réanimateurs pédiatriques, pharmaciens) que l’instauration d’un traitement par AINS pour la prise en charge de la fièvre et/ou de la douleur, n’est pas recommandée chez l’enfant atteint de varicelle.” Parallèlement, des praticiens prudents affirment : “Pour le traitement de la fièvre chez l’enfant, il existe une alternative thérapeutique à l’ibuprofène, le paracétamol. Le paracétamol est utilisé chez l’enfant depuis de nombreuses années...” S’agissant de la combinaison ibuprofène-chikungunya, l’inconnue majeure est donc sans doute le chikungunya. Ce virus et la maladie liée à l’infection qu’il provoque sont effectivement mal connus. Observées depuis peu dans une région développée comme La Réunion, ces manifestations, inédites pour certaines, ne sont pas encore toutes décrites et étudiées. De fait, la position adoptée hier par le Dr. Combes, confronté à un cas inquiétant, découle de la mise en œuvre du principe de précaution. Une attitude louable.
Philippe Le Claire